samedi 2 septembre 2017

J'aime Yumi Katsura





Connaissez-vous la créatrice de mode Yumi Katsura?
Si vous tapez son nom dans un moteur de recherche, vous tomberez surtout sur des photos de robes de mariée, mais en fait Yumi Katsura se distingue selon moi beaucoup plus par ses créations non-nuptiales inspirées de l'art japonais, sa collection Yumi Yuzen, présentée depuis quelques années dans le circuit haute-couture/prêt-à-porter, un vrai délice pour les yeux.

Yumi Katsura est née à Tokyo en 1932 et a étudié la couture à Paris après avoir terminé ses études supérieures au Japon, partageant, selon Wikipédia, l'univers de grands créateurs comme Balmain, Yves Saint Laurent, Pierre Cardin... 

Ça c'est impressionnant, mais ce n'est pas ce qui m'intéresse. Il est très difficile d'avoir accès à des archives photo des collections plus anciennes de Katsura mais il semble qu'en parallèle à sa carrière de designer de robes nuptiales (la plus connue au Japon, apparemment), elle se soit intéressée de plus en plus au kimono et aux techniques artisanales traditionnelles. Elle n'a probablement pas vraiment eu le choix, en fait, puisque plusieurs couples optent encore pour le mariage en kimono et que business oblige il fallait offrir cette option à la clientèle.

Dès 2003, Yumi Katsura commence à présenter à Paris et à Rome des collections non-nuptiales inspirées par l'art et l'artisanat japonais. Robes cocktail en yuzen sur soie (le yuzen est une technique pour le teinture de motifs extrêmement détaillés, utilisée pour les kimonos), tenues de soirée dorées inspirées des peintures de l'école Rimpa. Et même, dans sa collection automne-hiver 2017-2018, deux manteaux sport (celui pour femme est à 1:11 dans le vidéo ci-haut) avec manches et col de kimono (gasp).


Quand ma mère m'a rendu visite en mai dernier, nous avons essayé de visiter l'exposition retrospective de Yayoi Kusama (My Eternal Soul, quel beau titre) au National Art Center mais avons vite découvert qu'une semaine avant la fin de l'expo, la file d'attente pour entrer au musée était de plus de deux heures --et celle pour entrer à la boutique du musée? 30 minutes!... Sous la pluie, ce n'était pas une option vraiment intéressante, même si une file de 500 mètres de gens était d'avis contraire.

Nous avons donc marché dans le quartier et sommes tombées sur la fameuse boutique de Yumi Katsura, par hasard. Je m'étais renseignée plusieurs fois sur le web mais comme à mon habitude je ne suis vraiment pas à l'aise d'entrer dans une boutique haut-de-gamme, je ne m'étais jamais décidée à m'y rendre.
Ça et que même en faisant beaucoup de recherches sur le web, je ne trouvais pas d'info sur les prix, qu'évidemment on imagine bien élevés...

J'ai demandé à ma mère si ça la dérangerait d'y entrer avec moi. Elle était partante, surtout qu'il y avait un café au deuxième étage: "On va faire semblant d'être une famille de péteuses riches, Ariane! Prout prout ça sent la madame d'Outremont!". 

C'est beeeeeaaaau.
Après avoir bu notre café, j'ai pris mon courage à deux mains et nous sommes montées à l'étage de la collection soirée (elle est nommée comme ça dans la boutique, cependant que la collection contienne des robes soleil et autres vêtements moins formels). Nous étions les seules à l'étage et évidemment les vendeuses se sont jetées sur nous, quoi qu'avec un peu de gêne puisqu'elles ne savaient pas si nous comprenions le japonais. J'avais peur de prendre un cintre ou de regarder trop longuement une pièce, peur qu'on me propose de l'essayer et que ce soit trop cher mais j'ai fini par montrer ma vraie nature (en tout cas, celle de mon porte-feuille) et plonger ma main loin loin loin dans une robe pour en ressortir l'étiquette avec le prix ("ben non, c'est juste pour vérifier les matériaux").

Pour ceux que ça intéresse, une robe de soirée: 100,000 yens avant taxes (1125 dollars canadiens), ce qui me paraît "raisonnable" vue la très grande qualité des matériaux et du travail, sans compter l'originalité des pièces. Évidemment, si vous êtes comme mon mari, qui trouve qu'un jeans à 30$ chez Uniqlo, c'est du vol...

Résumé: j'aimerais un jour avoir assez d'argent pour me permettre une folie...
Hahaha...

D'ici là, mes pièces préférées de la collection automne/hiver 2017-2018:


Les imprimés de l'éléphant de Towaraya Sotatsu (peintre du 17e siècle) et boucle rappelant le obi noué en papillon.


Robe dont la partie inférieure intègre des volants rappelant les manches d'un kimono, peut-être que l'effet voulu est celui d'un kimono chic noué à la taille.


Le fameux manteau d'hiver avec col et manches de kimono.


La robe calligraphiée.



Toutes les photos proviennent du Vogue UK.

Le site japonais de Yumi Katsura présente un historique en photo de la carrière de Yumi Katsura.