dimanche 25 septembre 2011

Quelques photos




À quelques pas de chez moi, il y a le stade olympique de Tokyo. Aujourd'hui, c'était jour de match de soccer et des milliers de personnes se pressaient aux portes du stade (qui compte plus de 54 000 places). Le soccer est très populaire ici.


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Vue de ma chambre, avec ciel bleu, le lendemain du typhon. La photo ne permet pas de le voir, mais ce voisin à un élevage de tortues sur son balcon (oui, je trouve ça un peu dégoûtant à vrai dire).

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ENGRISH ALERT


C'est peut-être pas du engrish à 100%, mais c'est un peu trop détaillé à mon goût, pour une simple toilette de centre commercial.

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samedi 24 septembre 2011

Le Red Light de Tokyo


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Mi m’a accompagnée à Shinjuku, car je devais m’enregistrer à la mairie. Malheureusement, nous n’avons pas pensé que le 23 septembre est férié, donc nous nous sommes cogné le nez sur la porte. La mission « obtenir carte d’identité » s’est transformée en une marche de 3 heures dans le quartier Kabukicho de Shinjuku, quartier considéré par certains comme étant le « Red Light » de Tokyo. Je crois que c’est une appellation un peu réductrice, Kabukicho étant un quartier d’amusements et certainement un centre à peine déguisé de prostitution et d’activités illicites, mais c’est aussi le quartier gay (nom qui ne lui est jamais attitré « officiellement », je crois, même si tous les Japonais le savent) et une concentration de love hotels affichant des photos de chambres et de suites spacieuses, immaculées et bien meublées.
J’en entends déjà qui crient « des hôtels de passe! », mais détrompez-vous. Les love hotels servent certainement à cela, mais je ne connais aucun Japonais ou aucune Japonaise qui n’y soit jamais allé. Les maisons ici étant très petites et mal isolées, et les règles familiales étant très strictes, les jeunes couples préfèrent louer ces chambres quelques heures, pour le même prix qu’un repas au resto, que de causer des scènes chez eux ou dans leur quartier (oui, le stéréotype des vieilles voisines qui surveillent tous les faits et gestes du quartier et qui les rapportent à tout le monde est très vivant ici). D’autres y vont aussi simplement pour dormir quelques heures quand les journées de travail s’éternisent, ou s’en servent comme « salle de party » pour écouter des films entre amis. J’y suis moi-même allée pour des tournois de... FIFA World Cup sur Playstation!
Pour ceux qui auraient vu des photos de chambres « thématiques » de love hotels, eh bien apparemment c’est quand même plus rare qu’on pourrait le croire, puisque de toutes les photos que j’ai vues sur les publicités à l’extérieurs de ces endroits, je n’en ai pas encore vues dans lesquelles le costume de Pikachu était inclus, ou qui avaient l’air de donjons, etc. (un ami à moi vous conseille plutôt Osaka, si vous cherchez ce genre de truc ;-P )
Côté plutôt triste, le quartier est rempli de « hostess clubs » et de « hosts clubs » (gentlemen’s club), des bars dans lesquels vous payez environ 50$/heure pour qu’une jeune personne vous tienne compagnie et vous fasse des compliments. À l’entrée de l’établissement, un « menu » présentant une photo de chaque host/hostess, et de l’information sur celui-ci/celle-ci (poids, taille, origine, etc.). Peu importe qu’on me dise que c’est une job « comme une autre », tout le monde ici sait très bien que ces établissements sont tenus (ou protégés) par la mafia locale et que dans plusieurs cas, ce n’est qu’un bien mince rideau qui cache tout le monde de la prostitution et du trafic humain, dans lequel le Japon joue un grand rôle. La nuit, les jeunes hosts (pas les hostess, apparemment elles ont déjà assez de clients pour s’occuper à l’intérieur) racolent dans la rue, leur maquillage cachant bien mal leur acné et leurs 18 ans...
Entre deux de ces établissements, je vois une jeune écolière, à peine 14-15 ans. Une voiture s’arrête devant elle et elle rentre en arrière, d’un bond. Le conducteur est dans la quarantaine et à un appareil bluetooth à l’oreille. Après un silence, Mi me dit « It’s disgusting, but he is doing a ‘delivery’».
Oui, j’avais compris. J’ai entendu parler de ce genre de truc, mais c’est vraiment choquant de le voir arriver pour vrai... (***)


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*** : Chain Mail, un roman pour adolescentes écrit par Hiroshi Ishizaki, effleure le sujet. Il a été traduit en français récemment, et garde le même titre.

jeudi 22 septembre 2011

Le cri des sirènes

Je me suis réveillée en panique. Les sirènes n'arrêtent pas de retentir depuis une heure, avec les messages criés par les policiers dans leurs haut-parleurs. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, mais ça s'est infiltré dans mon cerveau pendant que je dormais et j'ai fait un rêve terrible.
Dans mon rêve, j'étais à Montréal et il y avait une guerre. Des messages préenregistrés disaient que tout le monde devait quitter pour la France ou le Royaume Unis, car Montréal était la cible d'une attaque imminente. On savait qu'ils allaient lancer une bombe atomique, mais pour je-ne-sais quelle raison, je ne pouvais pas quitter le pays.

Dans mon rêve, donc, j'étais avec ma mère sur le quai de la maison de mes parents et nous regardions le ciel, en attendant que l'avion arrive. Les sirènes faisaient beaucoup de bruit, et finalement l'avion arrivait, et perdait de l'altitude pour lancer sa charge (ça devrait théoriquement être le contraire, mais bon...). Ma mère et moi plongions dans la rivière et je voyais le feu au dessus de nos têtes. Je restais sous l'eau mais je savais que bientôt je devrais sortir pour respirer, et je me demandais à quel point ça brulerait.

Wow.
Je lis peut-être trop de trucs sur Hiroshima et Nagasaki... Hier encore, je suis allée au Tokyo Metropolitan Museum of Photography pour voir deux expositions, dont une de Enari Tsuneo qui s'intitulait: Japan and Its Forgottent War: Showa (la guerre de Showa désigne la 2e guerre mondiale + la guerre d'expansion japonaise qui la précède, lire ici un article très intéressant au sujet de ce nom). L'exposition comportait une section sur Hiroshima et une autre sur Nagasaki, avec des photos de survivants et leur histoire.

Mais je crois que la section qui m'a le plus troublée était celle intitulée Islands of Wailing Ghosts, qui regroupait des photos prises par Enari en 2008-2009 sur des îles ayant été le théâtre d'affrontements pendant cette guerre. Les photos avaient été prises en Papouasie, à Iwo Jima, à Saipan et autres. Toutes les photos étaient des paysages naturels, suivies de quelques natures mortes prises dans des fosses à ossements... Même si les paysages étaient très beaux, il était impossible de ne pas penser, en les regardant, aux jours (et parfois aux années!) d'angoisse et d'horreur vécues par des soldats des deux camps dans ces îles. Je crois parfois que la guerre devait être pire pour eux que pour ceux qui se battaient sur le front terrestre, dans des régions peuplées. Les soldats japonais, quand ils n'étaient pas en attente de l'ennemi, devaient vivre des conditions climatiques extrêmes (à Iwo jima, île volcanique, il arrivait que l'air ambiant monte à plus de 50 degrés celcius, quand les soldats creusaient les tunnels) et essayer de survivre avec une ration d'eau, de nourriture et de médicaments vraiment limitée --- et vers la fin de la guerre, carrément inexistante, la majorité de ces petites îles ayant été abandonnées par le QG en 1944-1945.
Imaginez recevoir un télégramme disant "Bon, on ne vous enverra plus rien. Vous lancer l'opération suicide demain, OK?".

Des détails sur ces faits sont relatés entre autres dans le livre Lettres d'Iwo Jima, de la journaliste Kumiko Kakehashi, qui retrace la vie des soldats sur l'île d'Iwo Jima par, vous l'aurez deviné, les lettres gardées par leur famille. Un autre livre fascinant sur le quotidien des soldats en Papouasie-Nouvelle-Guinée est Opération Mort, un manga autobiographique de Shigeru Mizuki. D'ailleurs, le titre de l'exposition, avec ce "Wailing Ghosts" rappelle aussi les croyances surnaturelles japonaises, les fantômes et les yôkais, étudiés par Shigeru Mizuki dans ses ouvrages.

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lundi 19 septembre 2011

Au feu!!!

Vers 18h ce soir, on a finalement eu un petit happening entre colocs, tout à fait improvisé. Je suis tombée sur Amin, le Marocain, en rentrant et puis notre nouveau coloc Thaïlandais s'est joint à nous pendant qu'on soupait. Super! Je me fais des amis! Il faut dire que c'était la deuxième fois en 4 jours que je voyais quelqu'un dans l'appart.

Et là, oups, l'alarme d'incendie démarre!
Et qu'est-ce que ça fait, une alarme d'incendie dans un guesthouse rempli d'étrangers?
Une mauvaise réputation. Haha...
Non, je déconne. Mais bon, on s'est ramassés une trentaine de personnes devant la baraque (qui fait 6 étages) à parler dans toutes les langues sauf le japonais. Un voisin est arrivé poser des questions, mais apparemment personne n'avait un niveau de japonais assez bon pour lui répondre correctement.

Les pompiers sont arrivés et apparemment, ça venait de notre segment du logement, donc ils m'ont posé 3000 questions (pendant que Amin se poussait subtilement), après avoir tous un après l'autre demandé au Thaïlandais s'il était Japonais (hey, not all Asians are Japanese!).
Vu que je répondais en phrases un peu moches, ils ont cru bon de demander à un pompier qui avait pris des cours d'anglais à l'université de venir me poser les questions en "anglais" (engrish complètement incompréhensible) une seconde fois.
J'ai réalisé à quel point c'est frustrant de comprendre une langue mais de ne pas savoir formuler des phrases rapidement. Ils pensaient tous que je ne comprenais pas ce qu'ils disaient, alors que je comprenais environ 85% des trucs, dont probablement toutes les informations importantes.

En tout cas, au moins j'ai pu rencontrer plein de gens des autres étages et me départir un peu du complexe de "suis-je la seule gaijin qui soit poche en japonais?".

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dimanche 18 septembre 2011

Japon: prise 4


« D’you need helpu? »

Oui, s’il vous plaît. Vous êtes vraiment gentille de me l’offrir, je vous remercie du fond du coeur.
J’ai traîné mes deux grosses valises et mon sac à partir de l’aéroport jusqu’ici, la station Shin-Nihonbashi, où je suis en retard pour mon rendez-vous à l’agence de location.

« So heavy!!!!! You very strong woman!!! How you got here all alone!! »

Oui. J’ai 15 heures de vol et une heure de train dans le corps, j’ai la nausée, je veux dormir, je sue (il fait 30 celcius ici) et je suis fâchée « en tas... ».
À Tokyo, probablement comme ailleurs, si vous traînez une charge trop lourde pour vous, on ne vous aidera pas. Que vous soyez paraplégique et schizophrène en pleine crise d’épilepsie n'y change rien (non, je ne parle pas de moi). Les gens passent à côté de vous sans rien dire.
Ce qui est bizarre de Tokyo, c’est qu’à la place de faire semblant qu’ils n’ont rien vu (et donc qu’ils ne vous viendront pas en aide), les gens vous fixent, parfois même avec un air de dégoût. « Yark... une fille qui sue en tirant ses valises! Tiens-toi loin! ».

Alors quand ma madame de pas plus que 100 lbs (j’suis généreuse) a rebroussé chemin juste pour m’aider, j’avais quasiment les larmes aux yeux.



Ça c’était hier. J’ai dormi à l’air climatisé et aujourd’hui est un autre jour.

Mon quartier est vraiment beau, comme je m’en doutais quand j’ai choisi mon guesthouse sur le site de l’agence. C’est dans le quartier Shinanomachi, le quartier olympique. Ce matin, j’ai justement été prendre une marche autour du stade olympique. Ça grouillait de gens qui venaient à leur pratique de baseball, de course, de natation, de soccer, etc. .. D’ailleurs, hier dans le taxi entre l’agence et mon guesthouse, j’ai découvert qu’à la tombée de la nuit, autour du palais impérial, des centaines de Japonais sortent faire du jogging. Ça court, ça court, ça court! Sur des kilomètres et des kilomètres, dans un quartier normalement plutôt vide sauf pour les fonctionnaires, les trottoirs étaient noirs de gens en t-shirt et shorts.

Quand je suis partie de Montréal, il faisait autour de 10 degrés. Ici, il fait 32 degrés, ce midi. Et des degrés « à la japonaise », ce qui veut dire que l’humidité fait en sorte que vous vous sentez comme dans une serre. Bientôt, je deviendrai une tomate (surtout si je ne mets pas de crème solaire).
D’ailleurs, il faut croire que la crème solaire a mauvaise presse ici. Vous le savez peut-être : au Japon, c’est la blancheur de la peau qui est considérée belle, et non pas le fait d’être bronzé. Les Japonaises réussissent à rester blanches à l’année en portant des blouses à manches longues et des gants même dans des températures comme ce matin...

Moi, j’ai opté pour une robe d’été longue, à manches courtes. Rose pétant. Quelle erreur!
...
Et oui, au Japon je suis une minorité visible. Il y a moins de 1% d’immigrants au Japon, et près de 90% d’entres eux viennent de pays asiatiques, donc ils ne sont généralement pas, à proprement dire, des minorités visibles.
Moi, je le suis. Et j’aurais pu laisser faire les vêtements voyants pour ma première journée ici... J’ai l’impression de remplacer le panda au zoo d’Ueno, des fois...
J’ai fini par trouver un parc complètement vide pour manger mon bento, mais les rares passants réussissaient encore à me fixer. Ça a été « le boutte de la marde » quand j’ai fait une partie de « qui sera le premier à cligner des yeux » avec une famille au complet. Les enfants me fixent, les parents me fixent, moi je les fixe : wow! Un vrai film de Leone!!!
All that in Japan!!!!!

(Cause I’m big in Japan, oh oh, didn’t you knooooow? )


Et comme tout gaijin qui en parle à ses amis Japonais, ceux-ci vous regardent avec un air ahuri et disent : « se faire fixer?! Mais non, tu dois rêver! Les Japonais sont habitués de voir des étrangers! ». Yeah, sure...


Et de toute façon, un gaijin qui se fait pas fixer, ça existe pas. Mais who cares, dans 3 jours je serai habituée.