vendredi 31 décembre 2010

Fragments de Tokyo




(Les gares, toujours les gares...)


(Takashimaya Time Square, à 12 minutes de marche...)


(Moi contre la machine. Résultat: Ariane est la reine des arcades)


(Journée tranquille au parc Yoyogi)

(Ma vache rose chanceuse, au Pink Cow bar, à Shibuya, bar d'artistes expatriés. Live music...)

dimanche 26 décembre 2010

Nabe party!

Le 25 au soir, j'ai été invitée à un «nabe party» chez Anayika et ses colocs. «Nabe» est le mot japonais pour tous les plats cuits dans un bol à fondue japonaise, donc ça inclut le oden, le shabu-shabu et autres plats à base de bouillon, très populaires à ce temps-ci de l'année, quand la température se refroidit.

Nous avons coupé les légumes (oignons verts, laitue, champignons de différentes sortes, daikon), les avons plongés dans le bouillon à base de miso, puis avons ajouté du tofu, du poisson (à chair blanche et à chair rouge) et du porc en lanières. Très bon!


(Yuka et Ken aident à la préparation des légumes)





(Du mousseux, puisqu'on était quand même le 25 décembre...)


Strawberry shortcake!


Much fun, much fun!

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vendredi 24 décembre 2010

Trouver l'esprit de Noel à Tokyo


Ma tentative d'infuser l'esprit des fêtes dans mon logement japonais...


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Comme je le mentionnais dans un autre billet, Noël n'est pas une fête importante au Japon et lorsqu'elle est fêtée, c'est en couple. Pour l'occasion, les restaurants "typiquement américains" comme le KFC et le McDo offrent un menu spécial de... poulet frit de Noel! Apparemment c'est la "tradition" (de qui? de quoi? depuis quand?), et dans certains KFC il faudrait même commander notre menu quelques jours d'avance pour être certain d'en avoir (ça, je l'ai lu mais j'ai pas été vérifier...).


(Ci-haut) J'ai été au Tokyo Metropolitan Museum of Photography aujourd'hui pour voir deux expos sur le snapshot (j'en reparlerai). Comme d'habitude, Ebisu Garden était décoré pour la saison: ici, sapin de Noël géant avec en arrière-plan, la tour de Tokyo. Remarquez la femme en kimono devant le sapin à droite.


Pour Noel, Florian (et originellement Anayika, mais elle s'est désistée pour plusieurs raisons) et moi voulions essayer de retrouver un peu de l'esprit des fêtes auquel nous sommes habitués, donc nous avons demandé à des amis japonais de nous aider à avoir le Noël le plus "traditionnel" possible, dans le sens vraiment non-japonais du terme. À 18h, nous nous sommes donc rencontrés à Omotesando-dori, la rue principale (littéralement) de Harajuku. Là, nous avons pu observer les lumières posées sur les arbres sur un bon kilomètre.


Ensuite, vous le croirez pas, mais c'est vrai... Nous sommes allés (Florian, Junko, Tomo, Ken et moi) à la messe, dans une église œcuménique/protestante. Le Tokyo Union Church est une communauté anglophone mélangeant expatriés et Japonais. Junko est protestante et c'est donc elle qui nous a proposé la place.


Bonne fête Jésus!



Après ça, mon premier souper de Noël sans ma famille, à VIE! Dans un resto sur Omotesando (il fallait réserver plus tôt dans la semaine, sinon c'était les files d'attente partout). Je laisse les photos parler d'elles-mêmes.







Verdict: j'ai bien aimé ma soirée, même si c'était un Noël très peu ordinaire!

Et vous savez, à Tokyo tout peut arriver. En rentrant chez moi j'ai eu droit à deux belles surprises de la magie de Noël...



Un défilé improvisé de fêtards en costumes de Père Noel, Pikachu, Power Ranger et autres sur des motos modifiées couvertes de néons, avec des klaxons aux bruits étranges...




Un marionnettiste attirant les foules avec son joueur de violon, station Shinjuku.

JOYEUX NOËL!!!!

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mercredi 22 décembre 2010

Le mont Fuji, par dessus tout

Et le Mont Fuji, comme une surprise éternellement renouvelée...

Coucher de soleil sur le pont Ryogoku, de la série 36 Vues du Mont Fuji, de Katsushika Hokusai.
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Non, sur la photo qui suit vous ne verrez pas Fuji-san, mais plutôt Yokohama, au loin.


Sur la prochaine photo, par contre, vous le verrez. Au loin, se faisant passer pour une montagne un peu plus grande que les autres. Fuji-san se cache toujours bien.


Il arrive qu'il vous surprenne à travers les nuages. Ou à travers une vague (pour citer avec des mots les images de notre bon vieux Hokusai).


Dans tous les cas, une image ne saurait rendre son aura.
Encore une fois aujourd'hui, en le regardant d'un parc à mi-chemin entre Tokyo et Yokohama, j'entendais Kimi ga yo dans le fond de mon esprit. Fuji-san, comme l'empereur, est un symbole religieux shinto et je m'entête à m'imaginer que la chanson a été écrite pour la montagne sacrée plutôt que pour un quelconque monarque divin.

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Ville de chien(s)!


Pour une ville dans laquelle il faut être propriétaire de son logement pour avoir un animal, Tokyo compte un lot assez impressionnant de chiens. Évidemment, on y trouve (mis à part quelques rares exceptions) surtout des races miniatures, mais les maîtres confondent parfois cette contrainte en achetant... une armée de chiens! Dans le parc de Yoyogi, par exemple, je rencontre fréquemment des individus qui promènent deux, trois, voir quatre ou cinq petits chiens!

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mardi 21 décembre 2010

Lumières de Noel



À Tokyo, pas de grosse ambiance de Noel, puisque c'est une fête qui n'est pas très fêtée, ou du moins, fêtée très différemment qu'au Québec (c'est plutôt l'occasion d'une sortie de couple, ici).
Dans plusieurs quartiers de la ville, par contre, on a la tradition de faire des sculptures de lumière, souvent accompagnées de musique et de mouvement.
Dans mes photos, vous voyez les lumières posées derrière le Ritz-Carlton de Roppongi ("le centre-ville des étrangers"). Malheureusement, j'ai de la difficulté à charger mes vidéos sur le blogue, mais le sol tourbillonnait et il y avait des étoiles filantes qui bougeaient gracieusement dans les arbres! Très joli!

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lundi 20 décembre 2010

Télévision japonaise (encore!)

Pour ne pas manger en silence, j'ai ouvert la télévision en mangeant cet après-midi....


Quoi!?! Qu'est-cé ça?!? Un Hitler japonais à la télé...


Heureusement que Nagase-kun (pour ceux qui ont écouté la télésérie Unubore Deka) le tient en joue!

...
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Ouais, donc en fait j'écoutais pas trop mais je me bidonnais pas mal. C'est apparemment une série sci-fi/dramatique qui passe sur Nippon Television et qui est réalisée avec un trèèèèèès petit budget. En gros, dans les cinq minutes finales que j'ai vues, le personnage joué par Nagase-kun rentrait dans un bunker japano-allemand quelque part (sur une autre planète?) et tentait d'arrêter Monsieur Hitler japonais... Qui s'avérait être SON PÈRE!!!! Celui-ci lui demandait de lui tirer dessus, avant de disparaitre dans un éclat de fumée, laissant Nagase-kun très troublé (gros plan sur le regard ému et apeuré à la fois). Débute Au fond du temple saint (Bizet), version instrumentale...
Ensuite, des gens sur un vaisseau spatial (avec des filles en costume spatial sexy, style Star Trek d'Halloween) pleurent car ils ont perdu Nagase-kun, avant de se réjouir puisqu'ils se rappèlent de l'existence d'une banane GPS que notre ami gardait dans sa poche de pantalon. Tout le monde se retrouve et c'est la joie.

Je n'ai rien inventé, je vous jure. Je ne prétend en rien aux droits d'auteur d'une si grandiose création artistique.

Je charge un petit vidéo de 30 secondes d'une émission pour enfants, pour ceux qui voudraient oublier le Hitler japonais.




La personnification du vent, de la pluie, du tonnerre et surtout plus tard dans l'émission d'une montagne me rappèlent beaucoup les textes de Kenji Miyazawa, un auteur de contes pour enfants très connu au Japon et de plus en plus populaire ailleurs dans le monde.

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Lundi, au parc Yoyogi



À deux minutes de marche de mon logement, le club équestre de Tokyo, à une extrémité du parc Yoyogi.


Il faisait 16 degrés, le ciel était complètement dégagé et quelques dizaines de personnes étaient couchées dans l'herbe. Inspirée, j'ai fait comme eux pendant une bonne heure. Plus loin, un homme nourrissait les chats errants du parc en leur versant des bols de lait et un autre, en veston-cravate, tendait son bras patiemment sous un arbre, en attendant qu'un oiseau vienne s'y poser.


Derrière le bâtiment des trésors impériaux (toit rouge), on voit les tours de Shinjuku, le centre-ville des finances.


Le soleil tapait tellement fort que j'ai enlevé mon manteau et mes bottes. Je sens que les lecteurs de Montréal vont me lapider...



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dimanche 19 décembre 2010

À Tokyo, après 17 heures de sommeil, on trouve...

17 et 18 décembre: je signe les papiers de location de l'appartement, dans le quartier de Yoyogi puis je m'endors pour un long 17 heures d'affilé.

19 décembre (en images!) :

Dinner avec Florian dans un restaurant de okonomiyaki, en plein Shibuya. Eh oui, cela prend beaucoup de dextérité pour réussir une belle présentation de cette genre d'omelette japonaise et puis disons que Florian l'a mieux que moi (remarquez l'oeuf complètement détruit et la sauce beurrée n'importe comment, dans l'okonomiyaki en avant-plan).


Un bazar au parc de Yoyogi; les gens vendent des trucs usagés de tous genres.



Vous vouliez du saké? En voilà! (Offrandes au temple Meiji-jingu, dans Harajuku).


Le nouveau sport national: le ping-pong! Avec mes nouveaux amis: Yuu, Daisuke, Ken et leur coloc, Anayika (vous l'aurez deviné, de dos en chandail rouge). Florian était présent aussi.


... Now, you have to tell me what the heck is a powder room?!?

De retour à Tokyo

Je suis de retour à Tokyo pour les vacances des fêtes, du 17 décembre au 11 janvier.
Pour des raisons économiques, je ne sortirai pas vraiment de Tokyo cette fois-ci (les trains inter-cités sont très dispendieux), alors j'aurai surement moins de remarques intéressantes à faire dans les prochaines semaines que dans mes autres voyages... Mais à la demande générale, je tiendrai quand même ici un calepin de ma vie à Tokyo, pour ceux que ça pourrait intéresser.

Isashiburi même si ça fait pas si longtemps, finalement.



==++== Texte écrit à l'aéroport de Vancouver le 16 décembre 2010 =+=+=+

J’y retourne. Trois semaines à Tokyo pour mes vacances de Noël.

Hier soir, à la maison de mes parents, à sentir le gâteau aux fruits que mon père mangeait, la télé ouverte sur Guess Who’s Coming to Dinner, je lançais un torchon à mon chien qui me le ramenait sans cesse. Lance – revient, lance - revient, lance - revient.

Une petite panique m’envahit : pourquoi vais-je passer Noël à l’autre bout du monde, loin de ma famille, dans un pays où Noël n’est même pas fêté? Mais ma décision est prise depuis plusieurs semaines, voire mois. Et mon avion quitte à 8h AM jeudi matin, alors ce n’est plus le moment d’avoir des doutes.


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4h45 jeudi. Je suis assise derrière un taxi conduit par un vieux avec une tuque blanche ornée de motifs de feuilles d’érable rouges.

«Je passe par la 13 pour me rendre à l’air-o-port? »

Il parle comme Clifford Montgomery (le personnage de Marc Labreche).

Le sol est couvert de la neige qui s’est ajoutée au paysage cette nuit et il fait encore très sombre. À la radio La belle Hélène de Offenbach, suivie d’une interprétation à la clarinette de Sainte Nuit...

Je n’aime pas les aéroports. Avec surprise, je découvre qu’à 5h le matin, dans le temps des fêtes, ils sont aussi occupés qu’un centre commercial un jour pluvieux.


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Dans l’avion entre Montréal et Vancouver (5h15 de durée)

I’m still looking for the roast beef in my roast beef sandwich...


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mercredi 25 août 2010

Télévision japonaise

On peut en rire un peu....

Bon, voici un extrait d'une émission ''talk show'' de la Fuji-Telebi, selon un modèle vraiment populaire au Japon. Vous verrez que c'est pas mal plus coloré que ce qu'on voit en Amérique du Nord.



Et pas mal insipide aussi, si vous voulez mon avis...
L'émission date d'il y a environ 1 semaine et demie... J'ai pas ouvert ma télévision après ça, j'ai fini par comprendre que ça vaut pas la peine....

Voici une annonce en prime, dans un style typiquement japonais (coupures et montage beaucoup plus rapide que ce à quoi on est habitués).





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(+Sayonara+) The End / Owaru





Mon dernier repas japonais, commandé en japonais à l’aéroport de Narita...



Je m’obstine à parler japonais aux employés de l’aéroport... je ne veux pas croire que je quitte vraiment, alors je rallonge mes heures passées au ‘vrai Japon’, même si l’aéroport n’a rien de très japonais (sauf les messages enregistrés en anglais avec un accent japonais terrible).


J’ai l’impression que je suis arrivée au Japon hier. Ce que j’ai vécu ici durant le voyage, tout se mélange dans ma tête comme si ça faisait partie d’une longue journée, peut être une longue semaine, pas plus. Je ne peux pas croire que je rentre déjà à Montréal.


‘’Isashiburi’’, ‘ça fait longtemps’’, c’était vraiment le cas mais ça n'a pas pris une heures, après mon arrivée au Japon, pour que je me sente comme chez moi. Je pensais que je ne retrouverais pas le pays que j’ai tant aimé il y a deux ans, que les choses seraient beaucoup moins excitantes sans l’effet de nouveauté... Mais non! Tout était toujours aussi excitant, et mon voyage a été fantastique (sauf ce seul jour passé au lit à cause des médicaments auxquels j'ai mal réagi).



Que je sois à Kyushu, dans le Kansai, dans les îles de la mer de Seto ou à Tokyo, les gens ont toujours été vraiment gentils avec moi et j’ai rencontré plein de personnes que je ne pourrai jamais oublier. Les gens ont plus tendances à venir vers vous ici et ils sont très curieux (que ce soit bon ou mauvais, par moments). Ce matin encore, quand je marchais dans mon quartier pour une dernière fois en essayant d’oublier que je partais, un inconnu m’a proposé de faire un tour de voiture avec lui pendant sa pause de repas. La situation était plutôt étrange (awkward), mais j’étais reconnaissante qu’on m’offre ainsi une possibilités de me changer les idées.



J’ai peur en écrivant ceci que les gens que j’aime à Montréal pensent que je leur fausserais compagnie n’importe quand pour partir au Japon, que je n’ai aucune attache à Montréal. Ce n'est pas le cas et j’ai vraiment hâte de passer du temps avec vous à Montréal, ne vous inquiétez pas!


En même temps, j’ai le même sentiment qu’après mon dernier voyage: je ne pourrai jamais être Japonaise mais....

Mais c’est dommage.


Bizarrement, pendant mon voyage, beaucoup de gens m’ont dit très sérieusement que j'avais le caractère d’une Japonaise et que je vivrais bien ici...


Bien, certainement, si je n'étais pas carrément illétrée dans ce langage. Pratiquement incapable de lire (les kanjis du moins), niveau de langage d’un enfant de 3 ans.... (j'ai testé en écoutant des émissions qui leur étaient adressées -_- )... Et c’est pas comme si c’était un langage qui s’apprend bien en deux, trois, quatre ans... Croyez-moi, (pour lire) ça prend énormément de temps...



En tout cas... Je laisse derrière moi Anayika et Florian qui ont un visa de travail d’un an, alors je leur souhaite la meilleure des chance, encore bien du plaisir et puis, qui sait, de trouver une façon de me prouver que je pourrais les rejoindre et tenter ma chance comme eux, un jour (mais pour l’instant y'a la maîtrise, qui ne fait que commencer).



Ja! Ima kaeru... Isashiburi montorioru!!!!


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samedi 21 août 2010

Shoji Ueda



Je voulais simplement partager avec vous une de mes photographies préférées, que je viens de retrouver sur internet.



My Wife in the Dunes III, 1950. Shoji Ueda

Politique japonaise

Bon, ce matin encore le camion des ultra-nationalistes est passé sous ma fenêtre avec ses hauts-parleurs. Pour une fois, le fou à bord ne criait pas ; il faisait juste jouer une chanson. Je l'ai cherchée et je crois l'avoir trouvée sur Youtube, je vous laisse regarder le vidéo avec les traductions et les images d'archive, c'est plutôt troublant.

Notez que la chanson est composée en 1937, donc pour la guerre sino-japonaise. La chanson mentionne la ''Grande paix asiatique'' (le chanteur dit quelque chose comme ''je sais, du fond de mon coeur, que je me bats pour la paix de l'Asie''... les mots utilisés en japonais sont plus chargés d'émotion que ceux qui existent pour les traduire en anglais). La version que j'ai entendue ce matin était un enregistrement dans lequel des femmes aussi chantaient, sur un ton réservé aux chansons traditionnelles japonaises, ce qui met un petit doute dans mon esprit. Dans tous les cas, les paroles étaient très semblables.

Donc pour en revenir au camion, ça en dit long sur ce qui se passe dans ces milieux au Japon en ce moment. Vous savez peut être que le premier ministre, Naoto Kan, s'est excusé officiellement à la Corée du Sud lors du 100e anniversaire du traité d'annexation Japan-Corée ( Japan-Korea Annexation Treaty... je ne suis pas sûre de la traduction correcte du terme), la semaine dernière.
Le lendemain, je visitais les parcs du Palais Impérial et nous entendions un autre fou-furieux gueuler dans ses hauts-parleurs, avec un ton de chien enragé. Je ne comprenais pas ce qu'il disait mais j'imagine que c'était en lien avec ce qui venait de se passer.

Des fois je me sens comme dans un autre pays que le Japon, ou plutôt dans le Japon d'une autre époque. Je trouve incroyable qu'en 2010 certaines personnes croient encore aux conneries qui étaient divulguées par les gouvernements fascistes qui étaient au pouvoir au Japon pendant la première moitié du 20e siècle. Déjà que j'ai de la difficulté à en croire mes oreilles quand j'entends quelqu'un en Amérique du Nord dire que la bombe atomique était un ''mal nécessaire'' (vous me direz que c'est une question d'opinion, peut-être, mais la ligne est mince des fois entre opinion et idée forgée par la propagande...), mais j'entends des trucs encore plus stupides venant de ces groupes-ci, ici à Tokyo...

Il faut dire qu'avec Shintaro Ishihara comme gouverneur de la ville les choses vont très mal...
(Ouverture des parenthèses pour répéter quelques un de ses propos des dernières années: ''Le massacre de Nankin est une fiction!'' , ''Arrêtons de donner des visas de travail aux Africains, Dieu sait ce qu'ils foutent dans notre pays!'', et mon préféré, en 2002 quand même: ''old women who live after they have lost their reproductive function are useless and are committing a sin''. N'oublions pas ses ennemis préférés, les Coréens et les descendants de Coréens vivant au Japon, responsable d'à peu près tous les crimes dans la région métropolitaine, selon monsieur...)

À ce sujet, je vous suggère vivement de lire l'excellent blogue d'Eric Robinson, BLACK TOKYO, qui apparaît dans ma barre de liens à la droite de l'écran. Pour les paresseux, www.blacktokyo.com .... VRAIMENT VRAIMENT VRAIMENT intéressant.


Si vous voulez vous faire peur au sujet des roupes de droite au Japon, cherchez Uyoku Dantai sur Internet, et lisez sur la controverse autour du temple de Yasukuni.



Mais bon, en politique comme dans plein d'autres choses, le Japon est le pays des contradictions... Je pense à cette photo de Yukio Mishima que j'ai vue l'autre jour au musée de photographie (photo de Eikoh Hosoe que vous pouvez chercher sur internet facilement-- ORDEAL BY ROSES).

Yukio Mishima a écrit YUKOKU, ''Patriotisme'', une nouvelle racontant le suicide par seppuku d'un officier japonais et de sa femme. C'est une des nouvelles japonaises les plus connues à l'intérieur et à l'extérieur du Japon (ET extrêmement bien écrite). Quelques années plus tard, en 1970, Yukio Mishima annonce publiquement son suicide, apparemment motivé par des idées politiques, avant de s'embarrer dans une salle avec quelques amis, où il se fait seppuku (appelé incorrectement hara-kiri en occident) complet (avec décapitation).

Le dernier discours public de Mishima est en faveur du Japon traditionnel et de l'empereur... Pour un écrivain qui maitrisait l'anglais parfaitement, qui avait vécu hors du pays, ouvertement homosexuel, ayant posé pour du matériel pornographique gay et ayant joué entre autres dans une adaptation filmique d'un livre d'Edogawa Rampo (un écrivain banni par le gouvernement dans les années 1930 à cause, justement, de l'anti-patriotisme de ses livres bourrés de situations érotiques grotesques), disons qu'il y a pour dire le moins, contradiction.

Mishima étant mon auteur préféré, je saute sur toutes les occasions pour en parler... L'autre jour Daigo me disait que Mishima est un genre de héros japonais dont il ne faut pas parler. Les Japonais savent tous qui il est, mais il ne faut pas trop donner son opinion à son sujet, apparemment.

À l'université, j'ai déjà argumenté avec un professeur qui considérait Mishima comme le moins japonais des auteurs japonais... Selon lui, Mishima échappait au style très codifié de la littérature japonaise, qui passe souvent par beaucoup d'observations (exemple parfait: Natsume Sooseki). Mon professeur ne comprenait pas la langue japonaise et ignorait surement le fait que Mishima écrivait ses romans dans une forme de japonais proche du japonais classique, ce qui fait de lui apparemment un auteur difficile, même pour les Japonais. Les traductions des livres de Mishima sont souvent mal faites et c'est pourquoi encore maintenant beaucoup de détails échappent aux lecteurs non-initiés autant à la culture japonaise qu'aux opinions de Mishima lui-même.

Bon, je me demande pourquoi j'ai écrit tout ça.

En fait je suis prise chez moi... J'ai été la clinique avant-hier parce que mon mal de gorge ne se réglait pas, et on m'a prescrit des antibiotiques en plus de... quatre autres médicaments qui ont tous des effets secondaires terribles (pas compris pourquoi on m'a prescrit ça pour une infection à la gorge). Peut être que ce billet de blogue ne fut qu'une longue divagation de mon cerveau fatigué... J'en suis désolée si vous l'avez lu jusqu'à ce point!

Cette nuit je pars pour Kanazawa, voir ma mère d'accueil.

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mercredi 18 août 2010

Du plus haut sommet



Cette nuit, j'ai escaladé le Mt Fuji! Yatta!

Daigo, Florian et moi sommes partis en bus de Shinjuku à 18h et sommes arrivés à 20h à a 5e station de Fuji-san (c'est la station où la plupart de gens commencent leur ascension). La nuit tombe rapidement ici (il fait noir à 19h) et donc nous étions équipés de lampes torches attachées à notre front ET de vêtements chauds parce que contrairement au reste du Japon, sur le Mt Fuji il fait trèèèès froid!

Le début du trajet était pas mal excitant: on voyait des éclairs dans les nuages au loin, et à part ça que du noir... et le ciel étoilé.

Mais la montée devient rapidement difficile (peu après la 6e station, on avertit déjà des possibilités de développer le mal des hauteurs à cause de la diminution de l'oxygène dans l'air), on sue, il fait froid, on voit rien et le sol devient de plus en plus vertical...

Honnêtement, je trouve que Fuji-san a quelque chose de creepy. La foret à sa base, Aokigahara, est un des sites de suicide les plus populaires au monde (environ un corps trouvé par trois jours, parfois plus), ce que je n'arrivais pas à sortir de ma tête quand on la traversait en autobus (apparemment il y a des pancartes dans la foret avec des textes sensés faire changer d'avis aux gens qui en sont rendus là). Ensuite, la montagne apparaît relativement rarement aux gens d'en bas: le sommet est constamment couvert de nuages, donc il faut être très chanceux pour qu'il se dégage quelques secondes, quelques minutes ou même, avec énormément de chance, quelques heures.

J'étais malade en partant... gros mal de gorge et cou congestionné, donc l'ascension n'a pas été des plus faciles. Nous prenions des pauses fréquemment, tel que recommandé, mais je crois que Daigo a quand même souffert du manque d'oxygène.

Les derniers 600 mètres du trajet étaient épouvantables, avec une température autour de zéro degrés (j'étais mal préparée pour ça), du vent parfois assez fort, le vide sous mes pieds (pendant le jour, si j'avais pu voir autour de moi, je crois que j'aurais eu trop peur pour continuer), le bruit un peu épeurant des gens qui respirent des bonbonnes d'oxygène...



J'ai escaladé Fuji-san malgré ma peur des hauteurs parce que c'est vraiment un symbole pour les Japonais. Ici, on dit que c'est un passage obligé pour être un vrai Japonais: plusieurs mythes sont liés à Fuji-san, et c'est aussi le symbole religieux le plus important du Japon. En haut, en plus des cabanes pour les voyageurs, on retrouve un temple et des toriis. Je n'ai pu m'empêcher de ressentir une forte émotion spirituelle, en haut, quand avec de centaines d'autres personnes nous avons regardé le Soleil se lever en bas, à travers les nuages. Je crois que plusieurs personnes montent avec un voeux en tête, et demandent qu'il soit exaucé une fois rendues en haut.



Si vous écoutez le son du vidéo au début de ce message, vous entendrez les Japonais crier ''Banzai!'' (''Mille ans'' ou ''longue vie'') en regardant le Soleil apparaître. Ça m'a fait un peu bizarre, et malgré le fait que l'expression n'est plus vraiment utilisée comme salut à l'empereur, je n'ai pu m'empêcher d'entendre, dans le creux de mes oreilles, l'hymne national japonais.



J'ai aussi vu certains hommes faire l'ascension avec leur jeune garçon (10 ans à peine), et plus ou moins les forcer à monter à un rythme d'adulte (ce qui doit pas être évident pour un enfant, croyez-moi), en leur disant ''Gambatte!!!'' (''Fais de ton mieux!'') quand les enfants s'arrêtaient. Je trouvais ça un peu cruel mais ça semble être une pratique fréquente ici, sûrement un genre de rite de passage.



L'ascension nous a pris 5h30, nous avons attendu le lever du Soleil environ 2-3 heures, puis la descente a pris 3-4 heures. Descendre se fait sur un chemin qui zigzague, un peu moins à pic, mais dans du gravier volcanique qui glisse beaucoup. Nous sommes arrivés en bas à 9h30 du matin, environ.



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