dimanche 9 septembre 2018

Les insectes



Raison 807 pour laquelle j’aime le Japon: les insectes.

J’avoue que ça peut aller dans les deux sens, parce que des fois ça devient une raison de ne pas aimer le Japon, haha.

Enfant, je trippais sur les « bibittes ». Je me souviens d’après-midi d’été avec mes voisines à ramasser des escargots dans la boue entre nos deux maisons. À crier comme des folles parce qu’un taon gigantesque nous volait autour, dans les hydrangées plantés par ma mère, mais à revenir quand même se mettre la face dans les fleurs pour mieux le voir.
Je me souviens que mes parents m’avaient acheté une « maison à fourmis », faite de deux parois de plastique transparent dans lequel il « suffisait » de mettre de la terre, quelques fourmis, et de les nourrir à l’eau sucrée avec un compte-goutte: apparemment après quelques jours, on verrait les fourmis à l’oeuvre dans les galeries de leur colonie. Ça a jamais marché pour moi, il faut croire que je les noyais dans trop d’eau sucrée.
J’ai arrêté d’attraper les fourmis quand on s’est mis à en avoir qui mordaient mauditement fort, dans notre sous-sol et j’ai perdu l’intérêt pour les insectes après ça.

Mais au Japon, il est impossible de ne pas remarquer les insectes. C’est pas seulement qu’ils sont différents de ceux du Québec, c’est aussi qu’il y en a beaucoup qui sont vraiment spéciaux. C’est pas pour rien que les insectes font partie de la culture traditionnelle japonaise et qu’ils sont mentionnés ou représentés dans toutes les formes d’art, aussi loin qu’on puisse retourner.
Dans la littérature, le son des insectes sert d’indicateur de saison, mais aussi d’image nostalgique de l’été ou de la nature.
Dans les 72 micro-saisons qui divisent l’année japonaise, 10 micro-saisons concernent les insectes. 
Le commerce des insectes existe depuis longtemps: dans les musées, vous tomberez fréquemment sur des cages à insectes, qui servaient à garder des variétés de grillons dans la maison pour les entendre chanter. Ces mêmes cages apparaissent souvent dans les peintures japonaises et comme motif sur les kimono et les obi.
Une grande variété d’insectes apparait sur les casques des samourais du 16-19 siècles.
Certains insectes sont au menu dans des cuisines régionales du Japon.
Etc.

Je me demande si les insectes sont aussi importants d’un point de vue culturel pour d’autres nations?



En tout cas, j’en pensé à tout ça en tombant nez à nez avec une belle grosse mante religieuse en haut des escaliers, hier.

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Images en haut de l'article, de haut en bas et de gauche à droite:
1- Libellule photographiée en aout 2018 à Tokyo.
2- "Kabuto" ou casque de samourai, avec libellule dorée. Musée Samourai du château Odawara.
3- Luciole tissée dans un obi d'été, circa 1920-1940. Ma collection personnelle.
4- Procession d'insectes, image inspirée d'une peinture célèbre et tissée dans un obi d'été contemporain.
5- Kame-mushi photographié devant ma porte en été 2017.
6- Kimono représentant des cages d'insecte dans des herbes d'automne. Début du 20e siècle.

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