samedi 24 septembre 2011

Le Red Light de Tokyo


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Mi m’a accompagnée à Shinjuku, car je devais m’enregistrer à la mairie. Malheureusement, nous n’avons pas pensé que le 23 septembre est férié, donc nous nous sommes cogné le nez sur la porte. La mission « obtenir carte d’identité » s’est transformée en une marche de 3 heures dans le quartier Kabukicho de Shinjuku, quartier considéré par certains comme étant le « Red Light » de Tokyo. Je crois que c’est une appellation un peu réductrice, Kabukicho étant un quartier d’amusements et certainement un centre à peine déguisé de prostitution et d’activités illicites, mais c’est aussi le quartier gay (nom qui ne lui est jamais attitré « officiellement », je crois, même si tous les Japonais le savent) et une concentration de love hotels affichant des photos de chambres et de suites spacieuses, immaculées et bien meublées.
J’en entends déjà qui crient « des hôtels de passe! », mais détrompez-vous. Les love hotels servent certainement à cela, mais je ne connais aucun Japonais ou aucune Japonaise qui n’y soit jamais allé. Les maisons ici étant très petites et mal isolées, et les règles familiales étant très strictes, les jeunes couples préfèrent louer ces chambres quelques heures, pour le même prix qu’un repas au resto, que de causer des scènes chez eux ou dans leur quartier (oui, le stéréotype des vieilles voisines qui surveillent tous les faits et gestes du quartier et qui les rapportent à tout le monde est très vivant ici). D’autres y vont aussi simplement pour dormir quelques heures quand les journées de travail s’éternisent, ou s’en servent comme « salle de party » pour écouter des films entre amis. J’y suis moi-même allée pour des tournois de... FIFA World Cup sur Playstation!
Pour ceux qui auraient vu des photos de chambres « thématiques » de love hotels, eh bien apparemment c’est quand même plus rare qu’on pourrait le croire, puisque de toutes les photos que j’ai vues sur les publicités à l’extérieurs de ces endroits, je n’en ai pas encore vues dans lesquelles le costume de Pikachu était inclus, ou qui avaient l’air de donjons, etc. (un ami à moi vous conseille plutôt Osaka, si vous cherchez ce genre de truc ;-P )
Côté plutôt triste, le quartier est rempli de « hostess clubs » et de « hosts clubs » (gentlemen’s club), des bars dans lesquels vous payez environ 50$/heure pour qu’une jeune personne vous tienne compagnie et vous fasse des compliments. À l’entrée de l’établissement, un « menu » présentant une photo de chaque host/hostess, et de l’information sur celui-ci/celle-ci (poids, taille, origine, etc.). Peu importe qu’on me dise que c’est une job « comme une autre », tout le monde ici sait très bien que ces établissements sont tenus (ou protégés) par la mafia locale et que dans plusieurs cas, ce n’est qu’un bien mince rideau qui cache tout le monde de la prostitution et du trafic humain, dans lequel le Japon joue un grand rôle. La nuit, les jeunes hosts (pas les hostess, apparemment elles ont déjà assez de clients pour s’occuper à l’intérieur) racolent dans la rue, leur maquillage cachant bien mal leur acné et leurs 18 ans...
Entre deux de ces établissements, je vois une jeune écolière, à peine 14-15 ans. Une voiture s’arrête devant elle et elle rentre en arrière, d’un bond. Le conducteur est dans la quarantaine et à un appareil bluetooth à l’oreille. Après un silence, Mi me dit « It’s disgusting, but he is doing a ‘delivery’».
Oui, j’avais compris. J’ai entendu parler de ce genre de truc, mais c’est vraiment choquant de le voir arriver pour vrai... (***)


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*** : Chain Mail, un roman pour adolescentes écrit par Hiroshi Ishizaki, effleure le sujet. Il a été traduit en français récemment, et garde le même titre.

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