jeudi 22 septembre 2011

Le cri des sirènes

Je me suis réveillée en panique. Les sirènes n'arrêtent pas de retentir depuis une heure, avec les messages criés par les policiers dans leurs haut-parleurs. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, mais ça s'est infiltré dans mon cerveau pendant que je dormais et j'ai fait un rêve terrible.
Dans mon rêve, j'étais à Montréal et il y avait une guerre. Des messages préenregistrés disaient que tout le monde devait quitter pour la France ou le Royaume Unis, car Montréal était la cible d'une attaque imminente. On savait qu'ils allaient lancer une bombe atomique, mais pour je-ne-sais quelle raison, je ne pouvais pas quitter le pays.

Dans mon rêve, donc, j'étais avec ma mère sur le quai de la maison de mes parents et nous regardions le ciel, en attendant que l'avion arrive. Les sirènes faisaient beaucoup de bruit, et finalement l'avion arrivait, et perdait de l'altitude pour lancer sa charge (ça devrait théoriquement être le contraire, mais bon...). Ma mère et moi plongions dans la rivière et je voyais le feu au dessus de nos têtes. Je restais sous l'eau mais je savais que bientôt je devrais sortir pour respirer, et je me demandais à quel point ça brulerait.

Wow.
Je lis peut-être trop de trucs sur Hiroshima et Nagasaki... Hier encore, je suis allée au Tokyo Metropolitan Museum of Photography pour voir deux expositions, dont une de Enari Tsuneo qui s'intitulait: Japan and Its Forgottent War: Showa (la guerre de Showa désigne la 2e guerre mondiale + la guerre d'expansion japonaise qui la précède, lire ici un article très intéressant au sujet de ce nom). L'exposition comportait une section sur Hiroshima et une autre sur Nagasaki, avec des photos de survivants et leur histoire.

Mais je crois que la section qui m'a le plus troublée était celle intitulée Islands of Wailing Ghosts, qui regroupait des photos prises par Enari en 2008-2009 sur des îles ayant été le théâtre d'affrontements pendant cette guerre. Les photos avaient été prises en Papouasie, à Iwo Jima, à Saipan et autres. Toutes les photos étaient des paysages naturels, suivies de quelques natures mortes prises dans des fosses à ossements... Même si les paysages étaient très beaux, il était impossible de ne pas penser, en les regardant, aux jours (et parfois aux années!) d'angoisse et d'horreur vécues par des soldats des deux camps dans ces îles. Je crois parfois que la guerre devait être pire pour eux que pour ceux qui se battaient sur le front terrestre, dans des régions peuplées. Les soldats japonais, quand ils n'étaient pas en attente de l'ennemi, devaient vivre des conditions climatiques extrêmes (à Iwo jima, île volcanique, il arrivait que l'air ambiant monte à plus de 50 degrés celcius, quand les soldats creusaient les tunnels) et essayer de survivre avec une ration d'eau, de nourriture et de médicaments vraiment limitée --- et vers la fin de la guerre, carrément inexistante, la majorité de ces petites îles ayant été abandonnées par le QG en 1944-1945.
Imaginez recevoir un télégramme disant "Bon, on ne vous enverra plus rien. Vous lancer l'opération suicide demain, OK?".

Des détails sur ces faits sont relatés entre autres dans le livre Lettres d'Iwo Jima, de la journaliste Kumiko Kakehashi, qui retrace la vie des soldats sur l'île d'Iwo Jima par, vous l'aurez deviné, les lettres gardées par leur famille. Un autre livre fascinant sur le quotidien des soldats en Papouasie-Nouvelle-Guinée est Opération Mort, un manga autobiographique de Shigeru Mizuki. D'ailleurs, le titre de l'exposition, avec ce "Wailing Ghosts" rappelle aussi les croyances surnaturelles japonaises, les fantômes et les yôkais, étudiés par Shigeru Mizuki dans ses ouvrages.

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