dimanche 18 septembre 2011

Japon: prise 4


« D’you need helpu? »

Oui, s’il vous plaît. Vous êtes vraiment gentille de me l’offrir, je vous remercie du fond du coeur.
J’ai traîné mes deux grosses valises et mon sac à partir de l’aéroport jusqu’ici, la station Shin-Nihonbashi, où je suis en retard pour mon rendez-vous à l’agence de location.

« So heavy!!!!! You very strong woman!!! How you got here all alone!! »

Oui. J’ai 15 heures de vol et une heure de train dans le corps, j’ai la nausée, je veux dormir, je sue (il fait 30 celcius ici) et je suis fâchée « en tas... ».
À Tokyo, probablement comme ailleurs, si vous traînez une charge trop lourde pour vous, on ne vous aidera pas. Que vous soyez paraplégique et schizophrène en pleine crise d’épilepsie n'y change rien (non, je ne parle pas de moi). Les gens passent à côté de vous sans rien dire.
Ce qui est bizarre de Tokyo, c’est qu’à la place de faire semblant qu’ils n’ont rien vu (et donc qu’ils ne vous viendront pas en aide), les gens vous fixent, parfois même avec un air de dégoût. « Yark... une fille qui sue en tirant ses valises! Tiens-toi loin! ».

Alors quand ma madame de pas plus que 100 lbs (j’suis généreuse) a rebroussé chemin juste pour m’aider, j’avais quasiment les larmes aux yeux.



Ça c’était hier. J’ai dormi à l’air climatisé et aujourd’hui est un autre jour.

Mon quartier est vraiment beau, comme je m’en doutais quand j’ai choisi mon guesthouse sur le site de l’agence. C’est dans le quartier Shinanomachi, le quartier olympique. Ce matin, j’ai justement été prendre une marche autour du stade olympique. Ça grouillait de gens qui venaient à leur pratique de baseball, de course, de natation, de soccer, etc. .. D’ailleurs, hier dans le taxi entre l’agence et mon guesthouse, j’ai découvert qu’à la tombée de la nuit, autour du palais impérial, des centaines de Japonais sortent faire du jogging. Ça court, ça court, ça court! Sur des kilomètres et des kilomètres, dans un quartier normalement plutôt vide sauf pour les fonctionnaires, les trottoirs étaient noirs de gens en t-shirt et shorts.

Quand je suis partie de Montréal, il faisait autour de 10 degrés. Ici, il fait 32 degrés, ce midi. Et des degrés « à la japonaise », ce qui veut dire que l’humidité fait en sorte que vous vous sentez comme dans une serre. Bientôt, je deviendrai une tomate (surtout si je ne mets pas de crème solaire).
D’ailleurs, il faut croire que la crème solaire a mauvaise presse ici. Vous le savez peut-être : au Japon, c’est la blancheur de la peau qui est considérée belle, et non pas le fait d’être bronzé. Les Japonaises réussissent à rester blanches à l’année en portant des blouses à manches longues et des gants même dans des températures comme ce matin...

Moi, j’ai opté pour une robe d’été longue, à manches courtes. Rose pétant. Quelle erreur!
...
Et oui, au Japon je suis une minorité visible. Il y a moins de 1% d’immigrants au Japon, et près de 90% d’entres eux viennent de pays asiatiques, donc ils ne sont généralement pas, à proprement dire, des minorités visibles.
Moi, je le suis. Et j’aurais pu laisser faire les vêtements voyants pour ma première journée ici... J’ai l’impression de remplacer le panda au zoo d’Ueno, des fois...
J’ai fini par trouver un parc complètement vide pour manger mon bento, mais les rares passants réussissaient encore à me fixer. Ça a été « le boutte de la marde » quand j’ai fait une partie de « qui sera le premier à cligner des yeux » avec une famille au complet. Les enfants me fixent, les parents me fixent, moi je les fixe : wow! Un vrai film de Leone!!!
All that in Japan!!!!!

(Cause I’m big in Japan, oh oh, didn’t you knooooow? )


Et comme tout gaijin qui en parle à ses amis Japonais, ceux-ci vous regardent avec un air ahuri et disent : « se faire fixer?! Mais non, tu dois rêver! Les Japonais sont habitués de voir des étrangers! ». Yeah, sure...


Et de toute façon, un gaijin qui se fait pas fixer, ça existe pas. Mais who cares, dans 3 jours je serai habituée.

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